« Renforcer l’éthique et l’intégrité du sport, opportunité ou nécessaire contrainte pour des acteurs du sport de plus en plus exposés ? »
Mardi 14 décembre 2021 9h/12h, Visio-conférence Zoom
Incidents à répétition dans les tribunes des stades de football, articles de presse de plus en plus fréquents et à charge sur les comportements passés d’entraîneurs ou d’éducateurs dans les clubs, incivilités et réactions violentes à l’issue de rencontres sportives relayées de plus en plus souvent sur les réseaux sociaux, attention accrue portée au développement de la radicalité dans les associations sportives… le monde du sport, de plus en plus exposé, est invité à agir pour être davantage en phase avec ses valeurs !
Poussées légitimement par les pouvoirs publics depuis juillet 2021, dans le prolongement de la loi di 1er mars 2017 qui encadrait le respect de l’éthique et améliorait la compétitivité des clubs professionnels, les fédérations sportives et les ligues professionnelles sont invitées depuis juillet 2021 à la prise en charge renforcée, transparente et responsable des enjeux d’éthique et d’intégrité dans leurs activités, par l’ensemble de leurs élus, cadres et clubs, au service de leurs adhérents, des pratiquants et même pour les disciplines concernées, des parieurs. Le renouvellement des contrats de délégation des fédérations semblent même désormais conditionnés à la formalisation précise d’engagements à prendre et à respecter (spécifications et plans d’actions Afnor) par les acteurs sportifs pour organiser aussi la pratique sportive que les compétitions, ou encore pour préserver l’intégrité des personnes.
Si sur le fond tout le monde s’accorde à juste titre à reconnaître le bien fondé de l’attention responsable à porter par tous aux abus et comportements condamnables associés à ces enjeux d’éthique et d’intégrité dans une logique républicaine, quels impacts et incidences au quotidien pour l’organisation et le fonctionnement des fédérations, et leurs relations avec les clubs ? Comment mettre en œuvre le changement de pratiques souhaité, dans le respect des nouvelles normes proposées, dans une logique ressource au plus près des acteurs de terrain ?
Celles-ci sont en effet invitées à rendre traçable les actions engagées aussi bien pour prévenir que pour gérer les situations à risques. Les dirigeants doivent donc se préparer avec leurs équipes à s’inscrire dans une logique de maîtrise plus responsable de la culture et des outils associés au « risk-management », en appréhendant notamment au mieux les scénarii de crise et les réponses pour les traiter efficacement. Il leur faut de surcroît également accompagner comités et clubs quant à leur acculturation et la prise en charge effective de ces sujets.
Au moment où les enjeux de performance sociale, de développement durable, de logique citoyenne, de RSE, de sécurité, d’intégrité, voire d’héritage semblent être de plus en plus observés et attendus par nos concitoyens, comment l’écosystème sportif de chaque fédération peut-il se mobiliser efficacement à moins de 3 ans de jeux de Paris 2024, attendus également sur le sujet.
De façon pratique, au-delà d’une nouvelle norme spécifique à obtenir et à respecter, comment, qui et avec quels moyens mettre en œuvre le déploiement structuré de ces priorités au sein de la fédération comme au niveau local ?
La transparence souhaitée et affichée peut-elle représenter une opportunité de remobilisation des équipes, de remise à plat utile du fonctionnement fédéral, d’installation d’une culture de l’évaluation et de la responsabilité plus formelle alors même que beaucoup d’acteurs questionnent encore avec plus ou moins de facilité leur modèle de développement sur fond de crise sanitaire toujours présente et d’incertitude pesante ?
Cette ambition éthique réaffirmée et déclinée de façon opérationnelle peut-elle modifiée et de quelles façons les relations et les modalités de la gouvernance entre Etat et fédérations, voire même entre les élus fédéraux ?
Comment de façon pratique au quotidien accompagner la montée en compétences des élus comme des cadres au management des risques ? La mise en place d’un référent fédéral éthique/intégrité peut-elle suffire ?
Les questions restent nombreuses autour d’un sujet qui fait pourtant consensus tant les missions d’éducation et de citoyenneté sont porteuses de sens et fortement ancrées dans l’engagement au
quotidien des acteurs du sport. Cette demande de prise en charge plus responsable et structurée de l’éthique et de l’intégrité, au-delà de chartes à établir ou de référents à installer parmi d’autres, n ’éclaire-t-elle pas un redimensionnement stratégique à opérer des fédérations dans leur relation avec l’Etat comme dans l’accompagnement des clubs et des bénévoles, au regard d’un environnement sportif de plus en plus ouvert à la montée en puissance d’attentes sociétales et générationnelles différentes à l’encontre du secteur sportif, amateur et professionnel ?
Les dirigeants fédéraux comme ceux des ligues professionnelles devront probablement aller plus loin demain que remplir un simple cahier des charges techniques conçu par l’Afnor….
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